Marie-ève Lambert
La Voix de l'Est
(Granby)
Plusieurs personnes se sont étonnées, dernièrement, de voir des dindons
sauvages dans la région. Depuis quelques années, ce n'est plus un
phénomène en soi, puisque l'espèce a commencé à migrer des États-Unis
dans le milieu des années 80. Mais ce qui en surprend plus d'un, c'est
d'en voir autant, alors qu'ils étaient plutôt rares auparavant. S'il
est vrai que la population de ces étranges bêtes a crû de façon
constante durant les deux dernières décennies, il est toutefois faux
d'affirmer, comme certains l'ont fait, qu'on assiste à une «épidémie»
de dindons sauvages depuis quelque temps.«On
ne parle vraiment pas d'épidémie, le terme est beaucoup trop fort»,
affirme Pierre Blanchette, biologiste au ministère des Ressources
naturelles et de la Faune. Ce dernier a visité le
territoire de Cowansville, Dunham et Frelighsburg, la semaine dernière,
pour entreprendre une étude sur ce nouveau gibier. «Le but de ce projet
est de préciser certains paramètres pour mieux gérer l'évolution de
l'espèce: son adaptation à l'hiver, le taux de mortalité naturelle et
les causes, le nombre d'oeufs pondus, le taux de survie des poussins,
etc.», indique le chercheur.Pour ce faire, ils ont capturé une vingtaine de dindons femelles et
quelques mâles, les ont mesurés, pesés, bagués et leur ont installé un
émetteur radio.Ce projet est réalisé par le ministère des Ressources naturelles et de
la Faune en partenariat avec l'université Laval et la Fédération des
chasseurs et pêcheurs du Québec. En croissanceS'il ne sait dire s'il y a beaucoup plus de dindons sauvages depuis
deux ans, Pierre Blanchette concède néanmoins que leur population est
en croissance. «Mais de là à dire que d'une année à l'autre, on peut
voir une grosse différence, j'en doute», dit-il.«Le dindon est une espèce polygamme et chaque femelle peut pondre de 10
à 12 oeufs par printemps. Mais les poussins n'ont pas un haut taux de
survie; à l'automne, il n'en reste probablement que trois ou quatre»,
explique le biologiste.Monique Berlinguette, présidente du Club des observateurs d'oiseaux de
la Haute-Yamaska, abonde dans le même sens. «Personnellement, je n'ai
pas vu de dindons sauvages en plus grand nombre que par les hivers
passés», dit-elle.Elle ajoute que, chaque année, les clubs d'ornithologie régionaux font
le recensement des oiseaux à Noël. «Ils couvrent chacun un territoire
de 25 km de diamètre, le même année après année. Ça permet de faire des
comparaisons sur l'évolution des populations.»Celui de la Haute-Yamaska a dénombré, en décembre 2009, 71 dindons
sauvages sur son territoire, alors qu'il en avait compté 62 en 2007.
«La croissance n'est pas spectaculaire», fait remarquer Mme
Berlinguette.Par contre, c'est autre chose dans Brome-Missisquoi. En 2003, le Club
des ornithologues de cette région a recensé 29 dindons sauvages. Ce
nombre augmente d'année en année; il est passé à 39, 58, 61, 72 puis...
à 215 et 371 en 2009.«Chaque année, leur distribution est de plus en plus nordique, commente
Pierre Blanchette. Maintenant, on en voit jusqu'à Drummondville.»C'est, selon lui, ce qui peut expliquer que les gens ont l'impression
qu'il y a beaucoup plus de dindons sauvages. «Le territoire où ils en
voient est plus grand.»Ce qui est sûr, toutefois, c'est que leur visibilité est toujours plus
élevée en hiver puisque les bêtes sortent des régions plus boisées pour
aller s'alimenter dans les champs. En 2007, le recensement de dindons sauvages de la Fédération des chasseurs et pêcheurs du Québec comptait 4450 bêtes.
La Voix de l'Est
(Granby)
Plusieurs personnes se sont étonnées, dernièrement, de voir des dindons
sauvages dans la région. Depuis quelques années, ce n'est plus un
phénomène en soi, puisque l'espèce a commencé à migrer des États-Unis
dans le milieu des années 80. Mais ce qui en surprend plus d'un, c'est
d'en voir autant, alors qu'ils étaient plutôt rares auparavant. S'il
est vrai que la population de ces étranges bêtes a crû de façon
constante durant les deux dernières décennies, il est toutefois faux
d'affirmer, comme certains l'ont fait, qu'on assiste à une «épidémie»
de dindons sauvages depuis quelque temps.«On
ne parle vraiment pas d'épidémie, le terme est beaucoup trop fort»,
affirme Pierre Blanchette, biologiste au ministère des Ressources
naturelles et de la Faune. Ce dernier a visité le
territoire de Cowansville, Dunham et Frelighsburg, la semaine dernière,
pour entreprendre une étude sur ce nouveau gibier. «Le but de ce projet
est de préciser certains paramètres pour mieux gérer l'évolution de
l'espèce: son adaptation à l'hiver, le taux de mortalité naturelle et
les causes, le nombre d'oeufs pondus, le taux de survie des poussins,
etc.», indique le chercheur.Pour ce faire, ils ont capturé une vingtaine de dindons femelles et
quelques mâles, les ont mesurés, pesés, bagués et leur ont installé un
émetteur radio.Ce projet est réalisé par le ministère des Ressources naturelles et de
la Faune en partenariat avec l'université Laval et la Fédération des
chasseurs et pêcheurs du Québec. En croissanceS'il ne sait dire s'il y a beaucoup plus de dindons sauvages depuis
deux ans, Pierre Blanchette concède néanmoins que leur population est
en croissance. «Mais de là à dire que d'une année à l'autre, on peut
voir une grosse différence, j'en doute», dit-il.«Le dindon est une espèce polygamme et chaque femelle peut pondre de 10
à 12 oeufs par printemps. Mais les poussins n'ont pas un haut taux de
survie; à l'automne, il n'en reste probablement que trois ou quatre»,
explique le biologiste.Monique Berlinguette, présidente du Club des observateurs d'oiseaux de
la Haute-Yamaska, abonde dans le même sens. «Personnellement, je n'ai
pas vu de dindons sauvages en plus grand nombre que par les hivers
passés», dit-elle.Elle ajoute que, chaque année, les clubs d'ornithologie régionaux font
le recensement des oiseaux à Noël. «Ils couvrent chacun un territoire
de 25 km de diamètre, le même année après année. Ça permet de faire des
comparaisons sur l'évolution des populations.»Celui de la Haute-Yamaska a dénombré, en décembre 2009, 71 dindons
sauvages sur son territoire, alors qu'il en avait compté 62 en 2007.
«La croissance n'est pas spectaculaire», fait remarquer Mme
Berlinguette.Par contre, c'est autre chose dans Brome-Missisquoi. En 2003, le Club
des ornithologues de cette région a recensé 29 dindons sauvages. Ce
nombre augmente d'année en année; il est passé à 39, 58, 61, 72 puis...
à 215 et 371 en 2009.«Chaque année, leur distribution est de plus en plus nordique, commente
Pierre Blanchette. Maintenant, on en voit jusqu'à Drummondville.»C'est, selon lui, ce qui peut expliquer que les gens ont l'impression
qu'il y a beaucoup plus de dindons sauvages. «Le territoire où ils en
voient est plus grand.»Ce qui est sûr, toutefois, c'est que leur visibilité est toujours plus
élevée en hiver puisque les bêtes sortent des régions plus boisées pour
aller s'alimenter dans les champs. En 2007, le recensement de dindons sauvages de la Fédération des chasseurs et pêcheurs du Québec comptait 4450 bêtes.