ANTICOSTI: CHOISIR LE LOUP OU L'HUMAIN?
Par André A. Bellemare
publié le mercredi 24 septembre 2008
ANTICOSTI: CHOISIR LE LOUP OU L'HUMAIN?
Il y a des gens pour qui le bonheur des animaux sauvages semble plus important que celui des humains. Pensons aux personnes qui proposent d'introduire le loup dans l'île d'Anticosti pour soi-disant sauver les cerfs de Virginie (chevreuils) qui y vivent, ainsi que leur habitat. Cela, au risque d'éliminer des centaines d'emplois que la gestion de ce territoire gouvernemental de 7980 km² procure aux guides de chasse et aux travailleurs forestiers provenant de localités de l'Est du Québec.
Ce n'est pas la première fois que des personnes bien intentionnées, mais mal informées, suggèrent d'introduire le loup ou le coyote dans l'île pour sauver les chevreuils et leur habitat. C'est curieux que ces gens-là ne cherchent pas de solutions pour rendre Anticosti plus accessible à plus de chasseurs, des prédateurs très rentables! Chaque fois que telle proposition a été faite, les milliers d'insulaires, guides de chasse, travailleurs forestiers et chasseurs ont fait savoir que les loups et coyotes ne descendraient même pas des navires et aéronefs les amenant dans l'île...
C'est depuis 1896, voilà un peu plus de 110 ans seulement, que des chevreuils sont présents dans l'île. Le propriétaire d'alors de l'île — Henri Menier, chocolatier français milliardaire — les avait fait capturer au filet dans la région de L'Islet pour les transporter jusqu'à l'île sur son navire. Menier avait décidé de transformer son petit royaume d'Anticosti en paradis de pêche et de chasse. Avant son arrivée là-bas, il n'y avait pratiquement pas d'animaux sauvages là: que des oiseaux et des poissons, arrivés par air et par mer, ainsi que des mammifères marins. Les animaux peuplant maintenant l'île y ont été introduits par Menier pour le plaisir de ses amis chasseurs! Sans les chasseurs, l'île ne serait pas le paradis de la faune qu'elle est aujourd'hui.
Depuis plus d'un quart de siècle — l'île a été achetée par le Québec en 1975 —, c'est la chasse du chevreuil qui procure plus de 90% des revenus qu'amassent les insulaires, gestionnaires gouvernementaux, pourvoiries, leurs employés et les travailleurs forestiers d'Anticosti. Le jour où les chevreuils seront beaucoup moins nombreux qu'ils le sont maintenant (autour de 160000 ou de 20 par km²), il n'y aura presque plus d'intérêt pour les chasseurs (entre 6000 et 8000 par an), ni pour les touristes (autour de 1200 par an) de fréquenter l'île.
Malheureusement, bien des gens ne semblent pas tellement connaître les chasseurs ni la chasse pour affirmer que moins les cerfs seront nombreux dans l'île, plus ils seront vigoureux et plus ils attireront les chasseurs exigeants... Ce n'est pas la quantité de viande qu'ils rapportent d'Anticosti qui y attire les chasseurs! C'est la probabilité d'y apercevoir des chevreuils à foison, tout en y chassant en toute sécurité et tranquillité.
Ce sera peut-être alors la fermeture du village de Port-Menier (250 habitants) et la disparition des auberges, pavillons, camps et chalets de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ — société d'État) et des pourvoyeurs. Ces employeurs n'auront plus de travail à offrir (gérants, guides, gardiens, cuisinières, femmes de chambre, serveuses, mécaniciens, hommes de cour et d'entretien, etc.). Qui restera pour accueillir les touristes? Si touristes il y a dans une île abandonnée, 52 fois aussi vaste que l'île d'Orléans, 40 fois plus grande que les îles de la Madeleine et une fois et demie la superficie de la province maritime canadienne de l'Île-du-Prince-Édouard...
N'oublions pas que l'exploitation forestière actuellement en cours dans l'île n'est pas faite pour elle-même, parce qu'elle n'est pas rentable: elle est subventionnée par les chasseurs et par le Québec. Cette exploitation de la forêt d'Anticosti a été rendue nécessaire pour aménager le territoire en fonction de la survie des chevreuils, afin de favoriser la pérennité de la chasse et l'avenir de ceux qui la gèrent. Trop d'antichasseurs semblent ne pas avoir tellement de respect pour l'opinion des scientifiques qui poursuivent des recherches à l'Université Laval depuis des années pour protéger la régénération de la sapinière d'Anticosti. En effet, certains de ces antichasseurs laissent entendre que les scientifiques on pris le parti des gros dollars du gouvernement, des forestiers, des insulaires, de la SEPAQ, des pourvoiries et des chasseurs... Comme s'il était criminel de se préoccuper du sort du monde ordinaire! Peut-être qu'après le départ d'Anticosti des méchants chasseurs et des scientifiques qui ne sont intéressés qu'à leurs gros dollars, l'île deviendrait le paradis terrestre pour nos antichasseurs, qui s'en serviraient alors comme paradis bien personnel?…
Par André A. Bellemare
publié le mercredi 24 septembre 2008
ANTICOSTI: CHOISIR LE LOUP OU L'HUMAIN?
Il y a des gens pour qui le bonheur des animaux sauvages semble plus important que celui des humains. Pensons aux personnes qui proposent d'introduire le loup dans l'île d'Anticosti pour soi-disant sauver les cerfs de Virginie (chevreuils) qui y vivent, ainsi que leur habitat. Cela, au risque d'éliminer des centaines d'emplois que la gestion de ce territoire gouvernemental de 7980 km² procure aux guides de chasse et aux travailleurs forestiers provenant de localités de l'Est du Québec.
Ce n'est pas la première fois que des personnes bien intentionnées, mais mal informées, suggèrent d'introduire le loup ou le coyote dans l'île pour sauver les chevreuils et leur habitat. C'est curieux que ces gens-là ne cherchent pas de solutions pour rendre Anticosti plus accessible à plus de chasseurs, des prédateurs très rentables! Chaque fois que telle proposition a été faite, les milliers d'insulaires, guides de chasse, travailleurs forestiers et chasseurs ont fait savoir que les loups et coyotes ne descendraient même pas des navires et aéronefs les amenant dans l'île...
C'est depuis 1896, voilà un peu plus de 110 ans seulement, que des chevreuils sont présents dans l'île. Le propriétaire d'alors de l'île — Henri Menier, chocolatier français milliardaire — les avait fait capturer au filet dans la région de L'Islet pour les transporter jusqu'à l'île sur son navire. Menier avait décidé de transformer son petit royaume d'Anticosti en paradis de pêche et de chasse. Avant son arrivée là-bas, il n'y avait pratiquement pas d'animaux sauvages là: que des oiseaux et des poissons, arrivés par air et par mer, ainsi que des mammifères marins. Les animaux peuplant maintenant l'île y ont été introduits par Menier pour le plaisir de ses amis chasseurs! Sans les chasseurs, l'île ne serait pas le paradis de la faune qu'elle est aujourd'hui.
Depuis plus d'un quart de siècle — l'île a été achetée par le Québec en 1975 —, c'est la chasse du chevreuil qui procure plus de 90% des revenus qu'amassent les insulaires, gestionnaires gouvernementaux, pourvoiries, leurs employés et les travailleurs forestiers d'Anticosti. Le jour où les chevreuils seront beaucoup moins nombreux qu'ils le sont maintenant (autour de 160000 ou de 20 par km²), il n'y aura presque plus d'intérêt pour les chasseurs (entre 6000 et 8000 par an), ni pour les touristes (autour de 1200 par an) de fréquenter l'île.
Malheureusement, bien des gens ne semblent pas tellement connaître les chasseurs ni la chasse pour affirmer que moins les cerfs seront nombreux dans l'île, plus ils seront vigoureux et plus ils attireront les chasseurs exigeants... Ce n'est pas la quantité de viande qu'ils rapportent d'Anticosti qui y attire les chasseurs! C'est la probabilité d'y apercevoir des chevreuils à foison, tout en y chassant en toute sécurité et tranquillité.
Ce sera peut-être alors la fermeture du village de Port-Menier (250 habitants) et la disparition des auberges, pavillons, camps et chalets de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ — société d'État) et des pourvoyeurs. Ces employeurs n'auront plus de travail à offrir (gérants, guides, gardiens, cuisinières, femmes de chambre, serveuses, mécaniciens, hommes de cour et d'entretien, etc.). Qui restera pour accueillir les touristes? Si touristes il y a dans une île abandonnée, 52 fois aussi vaste que l'île d'Orléans, 40 fois plus grande que les îles de la Madeleine et une fois et demie la superficie de la province maritime canadienne de l'Île-du-Prince-Édouard...
N'oublions pas que l'exploitation forestière actuellement en cours dans l'île n'est pas faite pour elle-même, parce qu'elle n'est pas rentable: elle est subventionnée par les chasseurs et par le Québec. Cette exploitation de la forêt d'Anticosti a été rendue nécessaire pour aménager le territoire en fonction de la survie des chevreuils, afin de favoriser la pérennité de la chasse et l'avenir de ceux qui la gèrent. Trop d'antichasseurs semblent ne pas avoir tellement de respect pour l'opinion des scientifiques qui poursuivent des recherches à l'Université Laval depuis des années pour protéger la régénération de la sapinière d'Anticosti. En effet, certains de ces antichasseurs laissent entendre que les scientifiques on pris le parti des gros dollars du gouvernement, des forestiers, des insulaires, de la SEPAQ, des pourvoiries et des chasseurs... Comme s'il était criminel de se préoccuper du sort du monde ordinaire! Peut-être qu'après le départ d'Anticosti des méchants chasseurs et des scientifiques qui ne sont intéressés qu'à leurs gros dollars, l'île deviendrait le paradis terrestre pour nos antichasseurs, qui s'en serviraient alors comme paradis bien personnel?…