La gest ion de la Dunière par un organisme du mil ieu
PAS DE QUOI FOUETTER UN CHAT !
En déléguant la gestion de la chasse à l’orignal sur la Réserve faunique Dunière à un organisme du milieu, en
l’occurrence la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP), la Société générale de
financement (une société d’État) et sa filiale, la compagnie Gestion forestière Lacroix, ne s’attendaient certainement
pas à susciter une telle levée de boucliers. Le chroniqueur en environnement du journal Le Devoir a été le premier
à agiter des épouvantails dans ce dossier (Main basse sur les réserves fauniques, édition du 14 décembre dernier)
et bon nombre de chroniqueurs de chasse et de pêche ont emboîté le pas, sans trop de subtilité et sans non plus
s’interroger sur les affirmations de monsieur Francoeur. Cette levée de boucliers et le langage inflationniste qui l’a
accompagnée, y compris et peut-être surtout chez le journaliste du Devoir, étaient-ils justifiés ? Absolument pas !
Il est malhonnête de prétendre que la délégation de gestion de la réserve Dunière à la CGRMP constitue un
« dépeçage du patrimoine commun, un dangereux précédent qui nous mènerait tout droit à la privatisation des
réserves fauniques du Québec ». Non seulement est-ce malhonnête, mais cela risque de saboter bien des efforts,
par ailleurs louables, pour donner aux régions des moyens de mieux assumer leur développement. Les difficultés
du secteur forestier ne touchent peut-être pas beaucoup les chroniqueurs de tout acabit et n’ameutent pas tellement
les chasseurs et les pêcheurs, mais elles frappent durement une région comme la Matapédia, l’une des plus pauvres
et des plus dévitalisées du Québec. Or, cette délégation de gestion (il serait plus juste de parler d’une participation
à la gestion) contribuera à faire en sorte que le milieu tire un meilleur parti de l’exploitation d’une ressource qui
abonde dans la région et à compenser, dans une très faible mesure, les impacts de la crise forestière.
Pour être honnête, il aurait fallu préciser davantage certains éléments et les mettre dans leur contexte.
La Dunière, un cas particulier
D’abord, la réserve Dunière n’était pas et n’est pas une réserve faunique comme les autres. Elle en avait les habits,
le statut, mais c’était un statut très particulier. En réalité, il s’agissait du plus grand « franc-alleu » du Québec,
essentiellement un terrain forestier privé dont les propriétaires pouvaient disposer à leur guise. En tant que
propriétaires, ils pouvaient, à tout moment, refuser l’accès à ce territoire au public, y compris aux chasseurs, et ils
pouvaient aussi mettre fin à leur entente avec la SÉPAQ. Si les propriétaires successifs ont confié la gestion de la
chasse à l’orignal sur ce territoire à la SÉPAQ, c’est sans aucun doute pour avoir la paix ou parce qu’ils n’ont pas
jugé que le jeu en vallait la chandelle. La SÉPAQ a tiré de la Dunière des revenus, dont monsieur Francoeur dit
qu’ils profitaient à l’ensemble du réseau des réserves et parcs du Québec. Cependant, il aurait fallu ajouter : « à
l’exception de la Dunière ». Car monsieur Francoeur, et d’autres à sa suite, passent sous silence le fait que la
SÉPAQ n’investissait pas (ou si peu) sur ce territoire, pour les raisons suivantes : il s’agissait d’un terrain privé et
on n’y trouve aucun plan d’eau, par conséquent, pas de véritable potentiel de villégiature ni de pêche sportive. Elle
y menait des opérations de chasse, y maintenait quelques emplois et tirait de ces opérations des revenus sans doute
à la hauteur de ceux qu’elle prélève ailleurs. Monsieur Francoeur écrit d’ailleurs : « La SÉPAQ, qui administre
parcimonieusement ce petit territoire avec six ou sept personnes tout au plus, en retire plus d’un demi-million de
dollars en bénéfice net par année. » Ce qu’il faut comprendre, c’est que le principe des vases communicants dont
on nous dit qu’il est sacro-saint au sein de la SÉPAQ (si l’on en croit certains) fonctionnait surtout dans un sens.
Il ne s’agit pas de lancer la pierre à la SÉPAQ qui n’est pas parvenue à s’entendre avec l’ancien propriétaire de la
Dunière sur des projets de structures d’hébergement ou d’accueil, il s’agit simplement de constater un fait que
met lui-même en évidence le chroniqueur du Devoir : l’argent sortait allégrement de la Dunière mais n‘y retournait
que parcimonieusement, pour utiliser les mots mêmes de monsieur Francoeur. Pour ce qui est des retombées locales
de l’exploitation de la Dunière, les Matapédiens étaient en droit d’espérer mieux et il était temps que les choses
changent. En insistant sur les sommes dont serait privé le réseau des parcs et réserves du Québec du fait d’une gestion
locale de la Dunière, ne montre-t-on pas simplement qu’il y avait là une sorte d’injustice qu’on refusait de voir ?
Guy Côté, directeur Martin Dumoulin, directeur
SADC de La Matapédia CLD de La Matapédia
418.629.4474 poste 224 418-629-4212 poste 23
PAS DE QUOI FOUETTER UN CHAT !
En déléguant la gestion de la chasse à l’orignal sur la Réserve faunique Dunière à un organisme du milieu, en
l’occurrence la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP), la Société générale de
financement (une société d’État) et sa filiale, la compagnie Gestion forestière Lacroix, ne s’attendaient certainement
pas à susciter une telle levée de boucliers. Le chroniqueur en environnement du journal Le Devoir a été le premier
à agiter des épouvantails dans ce dossier (Main basse sur les réserves fauniques, édition du 14 décembre dernier)
et bon nombre de chroniqueurs de chasse et de pêche ont emboîté le pas, sans trop de subtilité et sans non plus
s’interroger sur les affirmations de monsieur Francoeur. Cette levée de boucliers et le langage inflationniste qui l’a
accompagnée, y compris et peut-être surtout chez le journaliste du Devoir, étaient-ils justifiés ? Absolument pas !
Il est malhonnête de prétendre que la délégation de gestion de la réserve Dunière à la CGRMP constitue un
« dépeçage du patrimoine commun, un dangereux précédent qui nous mènerait tout droit à la privatisation des
réserves fauniques du Québec ». Non seulement est-ce malhonnête, mais cela risque de saboter bien des efforts,
par ailleurs louables, pour donner aux régions des moyens de mieux assumer leur développement. Les difficultés
du secteur forestier ne touchent peut-être pas beaucoup les chroniqueurs de tout acabit et n’ameutent pas tellement
les chasseurs et les pêcheurs, mais elles frappent durement une région comme la Matapédia, l’une des plus pauvres
et des plus dévitalisées du Québec. Or, cette délégation de gestion (il serait plus juste de parler d’une participation
à la gestion) contribuera à faire en sorte que le milieu tire un meilleur parti de l’exploitation d’une ressource qui
abonde dans la région et à compenser, dans une très faible mesure, les impacts de la crise forestière.
Pour être honnête, il aurait fallu préciser davantage certains éléments et les mettre dans leur contexte.
La Dunière, un cas particulier
D’abord, la réserve Dunière n’était pas et n’est pas une réserve faunique comme les autres. Elle en avait les habits,
le statut, mais c’était un statut très particulier. En réalité, il s’agissait du plus grand « franc-alleu » du Québec,
essentiellement un terrain forestier privé dont les propriétaires pouvaient disposer à leur guise. En tant que
propriétaires, ils pouvaient, à tout moment, refuser l’accès à ce territoire au public, y compris aux chasseurs, et ils
pouvaient aussi mettre fin à leur entente avec la SÉPAQ. Si les propriétaires successifs ont confié la gestion de la
chasse à l’orignal sur ce territoire à la SÉPAQ, c’est sans aucun doute pour avoir la paix ou parce qu’ils n’ont pas
jugé que le jeu en vallait la chandelle. La SÉPAQ a tiré de la Dunière des revenus, dont monsieur Francoeur dit
qu’ils profitaient à l’ensemble du réseau des réserves et parcs du Québec. Cependant, il aurait fallu ajouter : « à
l’exception de la Dunière ». Car monsieur Francoeur, et d’autres à sa suite, passent sous silence le fait que la
SÉPAQ n’investissait pas (ou si peu) sur ce territoire, pour les raisons suivantes : il s’agissait d’un terrain privé et
on n’y trouve aucun plan d’eau, par conséquent, pas de véritable potentiel de villégiature ni de pêche sportive. Elle
y menait des opérations de chasse, y maintenait quelques emplois et tirait de ces opérations des revenus sans doute
à la hauteur de ceux qu’elle prélève ailleurs. Monsieur Francoeur écrit d’ailleurs : « La SÉPAQ, qui administre
parcimonieusement ce petit territoire avec six ou sept personnes tout au plus, en retire plus d’un demi-million de
dollars en bénéfice net par année. » Ce qu’il faut comprendre, c’est que le principe des vases communicants dont
on nous dit qu’il est sacro-saint au sein de la SÉPAQ (si l’on en croit certains) fonctionnait surtout dans un sens.
Il ne s’agit pas de lancer la pierre à la SÉPAQ qui n’est pas parvenue à s’entendre avec l’ancien propriétaire de la
Dunière sur des projets de structures d’hébergement ou d’accueil, il s’agit simplement de constater un fait que
met lui-même en évidence le chroniqueur du Devoir : l’argent sortait allégrement de la Dunière mais n‘y retournait
que parcimonieusement, pour utiliser les mots mêmes de monsieur Francoeur. Pour ce qui est des retombées locales
de l’exploitation de la Dunière, les Matapédiens étaient en droit d’espérer mieux et il était temps que les choses
changent. En insistant sur les sommes dont serait privé le réseau des parcs et réserves du Québec du fait d’une gestion
locale de la Dunière, ne montre-t-on pas simplement qu’il y avait là une sorte d’injustice qu’on refusait de voir ?
Guy Côté, directeur Martin Dumoulin, directeur
SADC de La Matapédia CLD de La Matapédia
418.629.4474 poste 224 418-629-4212 poste 23