Enregistrement des armes à feu : Québec a agi trop vite | |
Agence QMI Louis Gagné 04/03/2013 20h07 |
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L'Agence QMI a appris que le ministère de la Sécurité publique a omis de s'entendre au préalable avec les agents de protection de la faune, qui auront pourtant la responsabilité de faire appliquer la nouvelle loi.
«Quand ils ont fait la conférence de presse, il y avait les différents directeurs de police, il y avait les présidents de syndicats de policiers, puis nous autres, ils nous avaient oubliés», a déploré le président du Syndicat des agents de protection de la faune du Québec (SAPFQ), Paul Legault.
«À toutes les fois qu'on nous a rajouté des mandats dans le passé, il y a une négociation qui s'est faite, puis elles ont amené des augmentations de salaires, a-t-il rappelé. Ils ont été un petit peu vite en faisant leur annonce avant de s'être entendus avec nous autres.»
Le président du SAPFQ soutient que les travailleurs qu'il représente sont les premiers concernés par la Loi sur l'enregistrement des armes à feu qui, si elle est adoptée, créera un registre québécois des armes d'épaule.
«Les personnes les mieux placées pour vérifier les armes, c'est nous autres. C'est nous qui allons vérifier le plus grand nombre d'armes de chasse au niveau de l'enregistrement. C'est nous qui allons faire la job, c'est pas les policiers», a fait valoir le représentant syndical.
Selon Paul Legault, les personnes concernées au sein du gouvernement se sont «confondues en excuses» pour avoir oublié d'inclure les agents de la faune dans le processus de rédaction du projet de loi. Une rencontre entre le ministère de la Sécurité publique et les représentants du syndicat est prévue au cours des prochaines semaines pour tenter d'en arriver à une entente.
«Je ne veux pas régler mes problèmes sur la place publique, mais s'il n'y a pas d'entente d'ici la fin mars, c'est sûr qu'il va carrément y avoir un affrontement avec le gouvernement, a prévenu M. Legault. Mais on n'en est pas là, on va s'entendre.»
L'Agence QMI a tenté sans succès de joindre le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.
De son côté, le responsable des communications au ministère n'était pas en mesure de confirmer que les agents de protection de la faune avaient effectivement été «oubliés», comme le soutient leur représentant.
Augmentation des risques
Même si la loi fédérale sur les armes à feu, qui est à l'origine du registre canadien des armes d'épaule, a été adoptée en 1995, les agents de protection de la faune ne l'ont jamais appliquée.
«Tout ce qui regardait le registre fédéral, on ne s'occupait pas de ça. Le fédéral n'a jamais demandé aux agents de protection de la faune à la grandeur du Canada de l'appliquer, a indiqué M. Legault. C'est sûr que si le gouvernement du Québec avait levé la main, ils nous l'auraient donnée, mais à ce moment-là, on ne voyait pas de priorité là-dedans.»
Ce sera donc la première fois que les agents auront à effectuer des vérifications sur les armes des chasseurs, une tâche qui risque d'augmenter les risques auxquels ils sont confrontés, croit M. Legault.
«Ce n'est pas juste une vérification de routine. Quand on va intercepter les chasseurs en forêt, on va leur demander de décharger leur arme, a-t-il expliqué. C'est des manipulations d'armes à feu, il y a des coups accidentels qui peuvent en résulter. Et ce sont les agents qui vont être exposés à ça.»
Le président du SAPFQ a souligné au passage que les agents de la faune ont le taux de mortalité le plus élevé de tous les agents de la paix au pays, incluant les policiers.
De plus, comme les amendes prévues pour les contrevenants à la loi sont élevées (jusqu'à 5000 $ dans certains cas), le risque d'affrontement avec les chasseurs s'en trouvera accru.
«Quand on donne des "tickets", ça peut amener des altercations, puis les altercations, ça amène des plaintes en déontologie policière, parce qu'on est régi par la déontologie policière, a dit Paul Legault. Ce n'est pas si simple que ça.»
En plus de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, les agents de la faune veillent à l'application de huit autres lois et de quelque 140 règlements.
Depuis l'automne dernier, ils sont sous la responsabilité du ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs. Les agents relevaient auparavant du ministère des Ressources naturelles.