Publié le 01 février 2012 à 09h49 | Mis à jour le 01 février 2012 à 09h49
Le registre des armes à feu n'est pas la solution
La Tribune
Je suis une mère de famille, propriétaire d'une arme à feu, tireuse sportive, chasseuse, diplômée du CÉGEP, j'ai un bon travail et, surtout, je suis une personne respectueuse des lois. Je suis celle qui prône la tolérance et la non-violence. Je compatis et suis sensible à la douleur des victimes de violence et leurs familles.
«La folie trouvera toujours le moyen de s'exprimer, registre ou pas. Il faut prévenir cette folie.»
Mais là, j'en ai assez d'être traitée comme une criminelle en puissance, une violente potentielle. J'en ai assez aussi et surtout de tolérer toute la désinformation véhiculée par les différents médias et groupes prônant le contrôle des armes à feu et le maintien du registre des armes à feu.
Commençons par le plus simple : le coût. Les partis d'oppositions et autres groupes de défense du registre des armes à feu répètent sans cesse que le coût du registre est marginal, soit environ 2 à 4 millions par année. Selon la vérificatrice générale du Canada, l'honorable Sheila Fraser, dans son rapport publié en 2006, le coût opérationnel véritable du registre est de plus de 100 millions $ par année. D'ailleurs, l'enveloppe budgétaire pour la gestion du registre était aussi de plus de 100 millions $. Selon ses vérifications, le registre a coûté plus d'un milliard de dollars en implantation et n'a jamais coûté annuellement en bas de 100 millions $.
Cent millions de dollars, ça représente des centaines de médecins spécialistes, d'infirmières, d'intervenants sociaux, de groupes d'aide en prévention de la violence ou du suicide, de programmes de sensibilisation dans les écoles, et combien d'autres mesures tellement plus efficaces qu'un inutile et inefficace registre des armes à feu? Combien de gens annuellement un oncologue et son équipe peuvent-ils sauver? Combien de situations de crises des intervenants sociaux peuvent-ils prévenir? Et 100 millions $ consacrés à la recherche sur les maladies infantiles, sur le sida, sur le cancer sauveraient combien de vies à long terme?
Le registre n'est en rien un outil de prévention. L'enregistrement n'est pas un cadenas, c'est simplement une base de données. L'enregistrement n'empêche pas d'acheter des armes, peu importe la quantité. D'ailleurs, le tueur de Dawson avait des armes dûment enregistrées, ce qui ne l'a pas empêché de passer à l'acte, tout comme le registre n'a pas empêché une mère de noyer ses enfants ou un père de poignarder 68 fois ses enfants ou une jeune fille de se suicider. Il faut trouver la cause, prévenir à la source et non pas juste cacher les symptômes. Il faut dissocier les fous qui commettent ces atrocités des moyens qu'ils utilisent. La folie trouvera toujours le moyen de s'exprimer, registre ou pas. Il faut prévenir cette folie.
C'est un outil pour les policiers, diront certains. J'espère que non. J'espère qu'un policier ne se fie pas aux données d'un registre pour son travail. Ne devrait-il pas aborder chaque situation comme s'il y avait une arme présente, que ce soit pour sa sécurité ou celle des autres? Et dans le cas d'une perquisition, les policiers doivent-ils s'en tenir à ce qu'il y a au registre, au risque de manquer une arme non enregistrée? De plus, les criminels n'enregistrent pas leurs armes ni ne respectent les lois.
Oui, le registre et ses données doivent être abolis et détruits. Les provinces ne doivent pas reprendre le registre, les armes sont de juridiction fédérale et doivent le rester. Par contre, je suis une ardente défenderesse du permis pour acquérir des armes et émis seulement après une enquête approfondie des autorités. Ainsi nous pourrons, comme il se doit, contrôler qui peut acheter une arme, comme c'est le cas présentement.
Tel que mentionné à l'article 23 du projet de loi C19, le vendeur devra s'assurer que l'acheteur a les permis requis et n'avoir aucun motif de croire que l'acheteur ne peut pas avoir d'arme. Mais la première condition est d'avoir le permis adéquat. Aussi, nul ne pourra être en possession d'une arme prohibée ou restreinte sans détenir un certificat d'enregistrement valide.
Vouloir éliminer ou contrôler les armes ne sont qu'une vaine tentative de contrer un symptôme, mais ne règle en rien le problème. Il faut se concentrer sur le vrai problème, soit la violence. Il nous faut, en tant que société, trouver la source et les causes de cette violence. Il faut se donner les moyens d'intervenir avant que les drames surviennent.
L'abolition du registre met en danger la sécurité des femmes, disent plusieurs groupes. En fait, les armes ne tuent personne, elles ne sont qu'un outil utilisé par des tueurs. Les tueurs ne tuent pas que des femmes, ils tuent des humains, peu importe leur sexe et leur âge.
Au lieu d'y voir un recul, je vois l'abolition du registre comme un signe de renouveau. Un signe qu'un gouvernement peut tenir une promesse, qu'enfin un gouvernement ne plie pas devant des groupes de pression, un signe qu'un gouvernement peut admettre qu'un programme est une erreur et est inutile, un signe qu'un gouvernement peut effectivement couper dans les dépenses publiques inutiles pour mieux investir dans d'autres domaines. C'est ce que j'ai le goût de voir d'un gouvernement, au-delà de l'allégeance politique, j'apprécie un gouvernement qui gouverne et non pas qui se laisse gouverner.
Ce n'est pas tous les Québécois qui désirent le maintien du registre et je fais partie des détracteurs de cet inutile registre et gouffre financier. Je ne suis pas seule, car un sondage de décembre révélait que près de 60 % des répondants étaient contre le fait de voir le gouvernement du Québec reprendre le registre.
J'aimerais que les gens fassent preuve de professionnalisme et soient critiques face à l'information véhiculée, quitte à la vérifier par eux-mêmes. Faites votre propre analyse objective des faits même si je sais bien que ce n'est pas le point fort de notre société. J'espère juste que d'ici là cesseront la désinformation et les campagnes de peur et que je pourrai continuer à pratiquer le tir, sport qui après tout est assez noble pour être aux Olympiques.
Marie Sophie Royer
Saint-Camille
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