UNE PREMIÈRE POUR LE RÉTABLISSEMENT DE LA TORTUE-MOLLE À ÉPINES AU QUÉBEC
QUÉBEC, le 29 juill. 2010 /CNW Telbec/ - Pour la première fois au Québec,
des spécialistes de la faune assistent à l'éclosion d'oeufs de tortues-molles
à épines en laboratoire au Zoo de Granby et au Zoo
Ecomuseum (http://www.mrnf.gouv.qc.ca/presse/tortue-epines/index.jsp). Une
remise en milieu naturel est prévue par la suite dans le secteur du lac
Champlain. Cette opération, qui se déroulera au cours des prochains jours, a
été entreprise conjointement par plusieurs partenaires, dont le ministère des
Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), le Zoo de Granby et le Zoo
Ecomuseum de Sainte-Anne-de-Bellevue.
La tortue-molle à épines est une espèce menacée au Québec. La démarche de
rétablissement s'inscrit dans un plan d'intervention mis en oeuvre depuis 1997
par le MRNF et ses partenaires, le Zoo de Granby, le Zoo Ecomuseum,
Environnement Canada, l'Organisme de Bassin Versant de la Baie Missisquoi,
Conservation de la nature et Amphibia-Nature. Le but est d'assurer la
protection des lieux essentiels pour l'espèce ainsi que leur utilisation pour
la reproduction et le maintien à long terme des populations au lac Champlain
et aux abords d'autres plans d'eau. Au lac Champlain, un suivi télémétrique
sur plusieurs années a d'ailleurs permis de repérer des habitats importants
qu'on s'efforce de protéger par des ententes. De plus, des actions de
sensibilisation dans la région du lac Champlain et en Montérégie ont permis de
joindre des milliers de résidants et de villégiateurs depuis 2002. Néanmoins,
des actions axées sur la protection des individus sont aussi nécessaires.
LA TORTUE-MOLLE À ÉPINES
Pour l'équipe de rétablissement, la relâche de jeunes tortues-molles
représente une nouvelle étape dans ses activités de rétablissement de cette
espèce. L'opération vise à pallier certaines conditions défavorables aux sites
de ponte actuels et qui affectent la survie des oeufs. Ainsi, en juin dernier,
les spécialistes ont prélevé 74 oeufs de tortues provenant de quatre nids aux
abords du lac Champlain, tandis que trois autres nids ont pour leur part été
protégés sur des lieux de ponte naturels et sont suivis régulièrement. Les
oeufs ont été conservés en incubation pendant près de 60 jours dans les deux
institutions zoologiques, à l'abri de la prédation et des crues, deux éléments
qui menacent la survie des oeufs de l'espèce. Une fois les jeunes tortues
sorties de leur coquille, la remise en milieu naturel se fait dans les 48
heures suivantes. Cette technique d'incubation en laboratoire est utilisée
aussi au Vermont et en Ontario.
L'aire de répartition de cette espèce est vaste en Amérique du Nord, mais
au Canada, elle ne se trouve que dans le sud du pays. Au Québec, sa
répartition historique s'étendait à la rivière des Outaouais, au fleuve
Saint-Laurent, à la rivière Richelieu et au lac Champlain. Aujourd'hui, la
seule population de tortues-molles à épines connue au Québec subsiste au lac
Champlain et dans la rivière aux Brochets, soit une fraction des milieux
qu'elle utilisait autrefois. De plus, il s'agit d'une population unique
puisqu'elle est à l'extrême nord de l'aire de répartition de l'espèce et
disjointe des populations situées au centre des États-Unis.
Les habitats utilisés par l'espèce, qui démontre une fidélité d'année en
année pour les lieux de ponte et les hibernacles, sont réduits par
l'augmentation des activités humaines comme la modification des rives ou de la
qualité de l'eau et le nautisme. Selon sa biologie, elle ne possèderait qu'une
faible capacité d'adaptation aux changements de conditions de son milieu. Un
groupe de bénévoles de la région a été mis sur pied et entreprend chaque année
des actions pour favoriser le maintien de l'espèce. La conservation des
tortues-molles à épines, c'est l'affaire de tous!