Luc Larochelle La Tribune |
(SHERBROOKE)
La présidente du Conseil du trésor et ministre régionale de l'Estrie,
Monique Gagnon-Tremblay, garde un oeil sur tout ce qui se passe en
région. Quand je l'ai rencontrée plus tôt cette semaine à son bureau
pour discuter de différents sujets, elle a cependant hésité à se lancer
dans le pré des chevreuils.
«Honnêtement,
je ne suis pas très qualifiée pour juger de l'efficacité de la gestion
du cerf de Virginie en Estrie. Jusqu'à preuve du contraire, je présume
que les décisions prises par les gestionnaires de la faune étaient
justifiées», répond-elle prudemment. C'est la
première fois en 25 ans de vie politique que Mme Gagnon-Tremblay est
interpellée sur la gestion de la faune en région. Ce dossier
controversé est remonté jusqu'à son bureau à la suite des dénonciations
de cinq anciens employés de ce ministère en Estrie.Ceux-ci réclament notamment que Québec dévoile les études scientifiques
sur lesquelles sont appuyées les décisions, dont celle d'avoir émis
l'automne dernier entre 6000 et 7000 permis spéciaux pour éliminer des
femelles et des faons.On s'entend que la secousse politique serait bien plus forte pour les
répondants du gouvernement si des retraités de la Santé ou de
l'Environnement critiquaient de la même façon et aussi ouvertement la
gestion actuelle dans leur ancien ministère. Malgré cela, la ministre
Mme Gagnon-Tremblay ne se montre pas désintéressée.«Je veillerai avec ma collègue Nathalie Normandeau à ce que le
ministère réponde adéquatement aux interrogations qui sont soulevées en
région», fournit-elle comme assurance.La ministre Gagnon-Tremblay entend discuter de manière informelle avec
des chasseurs de son entourage pour vérifier s'ils perçoivent les mêmes
signes d'une surexploitation du cheptel ainsi que la nécessité de
réaligner les politiques de gestion. Pendant ce temps, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNFa confirmé par voie de communiqué plus tôt cette semaine une baisse
générale de la récolte de cerfs de Virginie par les chasseurs du Québec
à l'automne 2009.Les 47 935 cerfs abattus représentent un recul de 18 % par rapport à
2008 et de 57% par rapport à 2007, qui avait cependant été une année
record.Dans une autre région reconnue comme prolifique pour le chevreuil, la
zone 10 en Outaouais, la récolte de 2009 a chuté de 48% par rapport à
l'automne dernier et de 60% par rapport à 2007.Le ministère invoque la rigueur des hivers des dernières années pour
expliquer la baisse significative des récoltes au nord du Saint-Laurent
ainsi que le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.En Estrie, il y a baisse de la récolte de 4,5% dans la zone 4 et de 19%
dans la zone 6 nord. Par contre, le taux de succès a augmenté de 10%
dans la zone 6 sud en raison de la pression supplémentaire appliquée
sur les cerfs sans bois.Le biologiste responsable de la grande faune en Estrie, Marc Jacques
Gosselin, se livre actuellement à une analyse de ces résultats et
prévoit être en mesure d'en faire une lecture plus exhaustive au cours
de la prochaine semaine.Le nombre de chasseurs de cerfs de Virginie a par ailleurs chuté de 7%
l'automne dernier par rapport à 2008. Selon les relevés du ministère,
près d'un chasseur sur trois a récolté un cerf cette saison.