Malgré l'arrêt de la pêche commerciale il y a 30 ans, le stock de saumons de l'Atlantique ne cesse de diminuer. Pourquoi? La réponse se trouverait dans la mer du Labrador, selon les chercheurs de l'Ocean Tracking Network, un projet international qui vise à comprendre les raisons de cet important déclin.
Un texte de Gilbert Bégin, de La semaine verte
« C'est préoccupant : il revient deux à trois fois moins de saumons dans les rivières du Québec qu'il y a 30 ans », lance Mélanie Dionne, chercheuse au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs.
Cette biologiste sonne l'alarme. Partout dans l'est du pays, les populations de saumons de l'Atlantique sont dans un creux historique. Et la situation est encore pire en Europe.
Un grand migrateur
Le cycle de vie du saumon de l'Atlantique commence en rivière. Il quitte l'eau douce à l'âge de deux ans et migre vers les riches pâturages du Groenland. C'est à cet endroit que la presque totalité des saumons de l'Atlantique viennent s'engraisser, qu'ils soient nord-américains ou européens. Après une ou deux années en mer, l'appel de la reproduction sonne le retour vers leur rivière natale. Un saumon né en Gaspésie, par exemple, parcourra jusqu'à 5000 km pour boucler son périple.
De la rivière à la mer
Pendant des années, les scientifiques ont cherché en rivière les causes de ce déclin. Mais comme le saumon migre jusqu'au Groenland pour s'engraisser, les chercheurs tournent désormais leur regard vers la mer.
« La grande chute survient dans la mer du Labrador, après le premier 600 km de migration. À cet endroit, le saumon meurt comme jamais auparavant », explique Frederick Whoriskey, chercheur à l'Université Dalhousie d'Halifax et directeur de l'Ocean Tracking Network.
Saumon de l'Atlantique Photo : Atlantic Salmon Federation
Le chercheur a eu recours à des moyens originaux pour déterminer l'endroit exact de ces mortalités. Lui et d'autres spécialistes ont muni les saumoneaux de minuscules émetteurs avant leur départ pour le Groenland. Ils ont ensuite suivi à la trace leur migration. Ils ont même clôturé avec un rideau de bouées réceptrices les détroits de Belle-Isle et de Cabot, dans le golfe du Saint-Laurent.
« On a découvert que la survie du jeune saumon en rivière et dans le golfe du Saint-Laurent est bonne. Mais en mer, seulement 1 % ou 2 % survivent. C'est trop peu », mentionne le chercheur canadien.
Des changements dans l'Atlantique Nord
Mais qu'est-ce qui cause cette hécatombe? Depuis quelques décennies, les océanographes remarquent que les eaux de surface dans l'Atlantique Nord se réchauffent.
Selon Frederick Whoriskey, le saumon ne peut échapper au grand dérèglement du climat. « Ce réchauffement modifie les masses d'eau et les courants marins. Résultat : le garde-manger du saumon a peut-être changé de place », précise le chercheur canadien.
Le réchauffement affecterait aussi le plancton, et ainsi, toute la chaîne alimentaire dont dépend le saumon pour se nourrir.
« La qualité des proies du saumon est en train de changer. Avec la hausse des températures, les copépodes, par exemple, contiennent moins de graisses. Or, le saumon migre jusqu'au Groenland justement pour aller s'engraisser », explique le chercheur.
Toutefois, les spécialistes rappellent qu'il ne faut pas sous-estimer la dégradation de l'habitat du saumon en rivière. Les barrages, par exemple, ont coupé l'accès à de nombreuses frayères. Et depuis 30 ans, la montée fulgurante des fermes d'élevage de saumons a affaibli les populations de saumons sauvages.
Espèce en péril
La situation du saumon sauvage continue d'inquiéter les spécialistes au pays. Dans les Maritimes, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le COSEPAC, a déjà inscrit le saumon de la baie de Fundy sur sa liste des espèces en voie de disparition.
Au Québec, Environnement Canada étudie la possibilité d'inscrire le saumon sur la liste des espèces en péril. Une décision à ce sujet sera rendue au cours des prochains mois.
reportage ici---> http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7045795/?seektime=undefined
Un texte de Gilbert Bégin, de La semaine verte
« C'est préoccupant : il revient deux à trois fois moins de saumons dans les rivières du Québec qu'il y a 30 ans », lance Mélanie Dionne, chercheuse au ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs.
Cette biologiste sonne l'alarme. Partout dans l'est du pays, les populations de saumons de l'Atlantique sont dans un creux historique. Et la situation est encore pire en Europe.
Un grand migrateur
Le cycle de vie du saumon de l'Atlantique commence en rivière. Il quitte l'eau douce à l'âge de deux ans et migre vers les riches pâturages du Groenland. C'est à cet endroit que la presque totalité des saumons de l'Atlantique viennent s'engraisser, qu'ils soient nord-américains ou européens. Après une ou deux années en mer, l'appel de la reproduction sonne le retour vers leur rivière natale. Un saumon né en Gaspésie, par exemple, parcourra jusqu'à 5000 km pour boucler son périple.
De la rivière à la mer
Pendant des années, les scientifiques ont cherché en rivière les causes de ce déclin. Mais comme le saumon migre jusqu'au Groenland pour s'engraisser, les chercheurs tournent désormais leur regard vers la mer.
« La grande chute survient dans la mer du Labrador, après le premier 600 km de migration. À cet endroit, le saumon meurt comme jamais auparavant », explique Frederick Whoriskey, chercheur à l'Université Dalhousie d'Halifax et directeur de l'Ocean Tracking Network.
Saumon de l'Atlantique Photo : Atlantic Salmon Federation
Le chercheur a eu recours à des moyens originaux pour déterminer l'endroit exact de ces mortalités. Lui et d'autres spécialistes ont muni les saumoneaux de minuscules émetteurs avant leur départ pour le Groenland. Ils ont ensuite suivi à la trace leur migration. Ils ont même clôturé avec un rideau de bouées réceptrices les détroits de Belle-Isle et de Cabot, dans le golfe du Saint-Laurent.
« On a découvert que la survie du jeune saumon en rivière et dans le golfe du Saint-Laurent est bonne. Mais en mer, seulement 1 % ou 2 % survivent. C'est trop peu », mentionne le chercheur canadien.
Des changements dans l'Atlantique Nord
Mais qu'est-ce qui cause cette hécatombe? Depuis quelques décennies, les océanographes remarquent que les eaux de surface dans l'Atlantique Nord se réchauffent.
Selon Frederick Whoriskey, le saumon ne peut échapper au grand dérèglement du climat. « Ce réchauffement modifie les masses d'eau et les courants marins. Résultat : le garde-manger du saumon a peut-être changé de place », précise le chercheur canadien.
Le réchauffement affecterait aussi le plancton, et ainsi, toute la chaîne alimentaire dont dépend le saumon pour se nourrir.
« La qualité des proies du saumon est en train de changer. Avec la hausse des températures, les copépodes, par exemple, contiennent moins de graisses. Or, le saumon migre jusqu'au Groenland justement pour aller s'engraisser », explique le chercheur.
Toutefois, les spécialistes rappellent qu'il ne faut pas sous-estimer la dégradation de l'habitat du saumon en rivière. Les barrages, par exemple, ont coupé l'accès à de nombreuses frayères. Et depuis 30 ans, la montée fulgurante des fermes d'élevage de saumons a affaibli les populations de saumons sauvages.
Espèce en péril
La situation du saumon sauvage continue d'inquiéter les spécialistes au pays. Dans les Maritimes, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le COSEPAC, a déjà inscrit le saumon de la baie de Fundy sur sa liste des espèces en voie de disparition.
Au Québec, Environnement Canada étudie la possibilité d'inscrire le saumon sur la liste des espèces en péril. Une décision à ce sujet sera rendue au cours des prochains mois.
reportage ici---> http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7045795/?seektime=undefined