doum Jeu 16 Fév 2012 - 9:47
OTTAWA – Le gouvernement Harper a célébré en grande pompe l'adoption, mercredi soir aux Communes, du projet de loi C-19 sur l'abolition du registre des armes d'épaule, ce qui a provoqué le dégoût à l'Assemblée nationale.
Le projet de loi conservateur a été adopté par un vote de 159 députés contre 130. Deux députés néo-démocrates du nord de l'Ontario se sont rangés derrière le projet de loi du gouvernement, votant ainsi contre la ligne de leur parti.
Le projet de loi sera maintenant étudié au Sénat, où il doit en principe être adopté, puisque les conservateurs y sont majoritaires.
Le registre des armes d'épaule constitue une bataille de longue haleine pour le gouvernement Harper, qui a échoué à maintes reprises dans ses tentatives de l'abolir, lorsqu'il était minoritaire au pouvoir.
Les conservateurs n'ont d'ailleurs pas caché leur intention de célébrer l'adoption de C-19. Plusieurs festivités étaient prévues pour marquer le coup, dont une réception organisée par le gouvernement au Parlement suivant le vote.
À l'Assemblée nationale, tout comme dans les rangs de l'opposition à Ottawa, ces célébrations ont unanimement été condamnées.
Honteux
Durant la période des questions au Salon bleu, mercredi, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a nommé les 14 victimes de la tuerie de l'École Polytechnique et reproché aux conservateurs de célébrer «leur victoire, comme pour un match de hockey».
«C'est honteux, c'est dégoûtant et c'est révoltant», a-t-elle lancé.
Même son de cloche de la part du gouvernement du Québec.
«Je pense que personne n'a à se réjouir de l'adoption de ce projet de loi là», a indiqué le ministre de la Sécurité publique du Québec, Robert Dutil, qualifiant même le geste d'«inapproprié».
À Ottawa, la députée néo-démocrate Françoise Boivin a qualifié le comportement des conservateurs «d'insensibilité totale». «Mon cœur saigne aujourd'hui», s'est-elle indignée.
Le député libéral Denis Coderre a qualifié ces célébrations de «pathétiques». «C'est une journée qui est triste, a-t-il dit. Ça n'a pas de bon sens de vouloir fêter ça.»
Le président du Bloc Québécois, Daniel Paillé a réagi par voie de communiqué en soirée en disant qu'il s'agissait «d'une triste journée d'abord pour les victimes d'actes criminels et leurs familles, mais aussi pour l'ensemble de la population du Québec. Assister au démantèlement de ce registre des armes à feu et à l'allégresse conservatrice qui l'accompagne est non seulement une aberration législative, mais une gifle aux valeurs profondes qui nous animent».
Bernier
Le ministre conservateur et député de Beauce, Maxime Bernier, a pour sa part défendu ces célébrations.
«Je suis fier des engagements de mon gouvernement et de ses réalisations et certainement que si le temps me le permet je vais aller faire un tour [aux célébrations]», a-t-il affirmé en début de journée.
«Ça me fait plaisir de voter en faveur de l'abolition de ce registre, car c'est ce que les gens dans mon comté en Beauce souhaitent», a-t-il poursuivi, faisant valoir que c'était aussi le cas dans les comtés des quatre autres députés conservateurs du Québec.
Le ministre du Conseil du Trésor, Tony Clement, a pour sa part dit que les conservateurs étaient «libres de célébrer».
Menace d'injonction
Le gouvernement du Québec souhaite toujours obtenir les données comprises dans le registre que persiste à lui refuser Ottawa. Mercredi, le ministre Dutil a maintenu l'intention ferme de son gouvernement de procéder avec des «poursuites» devant les tribunaux pour «préserver les données» une fois que C-19 aura obtenu la sanction royale.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, a cependant refusé de dire dans combien de temps les données du registre seraient détruites une fois la sanction royale obtenue.
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