Julien Cabana
En septembre dernier, des chasseurs d’orignaux ont été victimes de nuisance de la part de certaines personnes qui ne voulaient pas les voir sur LEUR territoire de chasse.
Quatre chasseurs qui se rendaient sur le territoire de la zec du Lac-Brébeuf ont eu droit à une aventure complètement différente d’une excursion normale de chasse de l’orignal.
Dans la lettre qu’ils ont adressée à la direction de la zec, on peut lire : « Nous avions trouvé un petit territoire où il n’y avait pas de traces de chasseur, ce qui signifiait que nous ne serions pas dérangés et que nous ne dérangerions personne. À notre grande surprise, un de vos membres résidents survient en plein milieu du bois, accompagné d’un type portant une hache, engueulant notre ami qui nous avait invités en lui disant que nous étions sur son territoire vu qu’il y faisait la chasse depuis des années. Il ne chassait pas comme nous à l’arc mais plus tard, durant la saison de chasse à la carabine. Il affirma être dans son territoire et qu’il y aurait bientôt une de ses caches à cet endroit. Je passe sous silence le vocabulaire et la véhémence du langage utilisé pour invectiver notre ami chasseur. Le lendemain matin, vers 8 h 30, il était de retour à environ 200 pieds de nos installations pour abattre des arbres et faire un raffut de tous les diables. À compter du vendredi matin et durant toute la fin de semaine, même manège sauf que cette fois, ils étaient trois personnes, avec deux scies à chaîne. Ils se sont activés à bûcher les arbres et à les brûler tout près de nous, sachant bien qu’ils neutraliseraient ainsi tout le secteur. »
Plainte
Ce comportement a poussé les chasseurs qui étaient sur place, ayant payé leur droit d’accès et les droits de chasse pour toute la saison de chasse à l’arc et à l’arbalète, à se rendre au poste d’accueil de la zec à Boileau pour porter plainte. Ils ont demandé l’aide de la Sûreté du Québec, sauf que dans ce genre de situation, la police ne peut intervenir, à moins qu’il y ait coups et blessures ou agression directe. Dans les faits, il aurait fallu que le groupe contacte les agents de protection de la faune puisque la loi applicable relève de leur juridiction.
Découragement
Devant le refus d’aide de la part de la préposée à l’accueil, le groupe a tout simplement décidé de quitter les lieux et de demander un remboursement puisqu’ils n’ont pas pu exercer leurs droits. Dans leur lettre, pour expliquer leur état d’esprit, les quatre hommes ont mentionné : « Les chasseurs locaux, ce petit groupe qui se connaissent tous depuis des années, dès qu’ils voient de nouveaux venus tenter de se trouver un nouveau site de chasse, s’avisent l’un l’autre. Alors, se met en branle un système d’intimidation, de menaces voilées et tactiques de harcèlement qui gênent et apeurent les autres chasseurs. Comme nous, ils doivent quitter leur site, écœurés et découragés de cette situation. Nous ne nous sommes pas rendus en forêt pour nous engueuler ou nous battre mais pour chasser et avoir la paix, sans avoir à subir tous ces tracas. »
AU MRNF d’intervenir
Avant que des incidents malheureux ne se produisent, le MRNF se doit d’intervenir plus fermement dans le dossier sur la chasse de l’orignal sur les zecs et en territoires libres.
Chaque année, certains chasseurs peu scrupuleux utilisent tous les moyens pour prendre possession de territoires de chasse dans des secteurs où l’accès universel est garanti.
« Nous recevons régulièrement des plaintes de chasseurs qui ont eu à vivre des situations difficiles, voire menaçantes parfois avec des gens qui veulent contrôler des territoires qui doivent demeurer libres à tous, a fait savoir le directeur général de Zecs Québec, Jean-Claude d’Amours. Depuis 2006, nous sommes en négociations avec le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) afin d’obtenir le pouvoir réglementaire pour élaborer un code de conduite des pratiques de la chasse à l’orignal dans les zecs. Nous demandons de pouvoir réglementer sur les sites d’affût en termes de nombre et de distance, afin d’éviter l’appropriation abusive de territoires. Ces négociations s’étirent inutilement à notre avis. »
La loi est précise
Utiliser quelque moyen que ce soit pour nuire à un autre chasseur ou à un pêcheur dans la pratique de son activité est interdit. Selon l’article 1.4 de la Loi sur la mise en valeur et la conservation de la faune, nul ne peut sciemment faire obstacle à une personne effectuant légalement une activité visée au premier alinéa de l’article 1.3, y compris une activité préparatoire.
La zec Bas-Saint-Laurent
Les dirigeants de Zecs Québec sont catégoriques. Il est possible, selon eux, de faire du très bon travail avec le contrôle des sites de chasse. Ils s’en remettent à l’exemple de la zec du Bas-Saint-Laurent.
« Nous avons là un bel exemple. Sur ce territoire de 1 100 kilomètres carrés, le nombre de chasseurs est passé de près de 800 à 1 600, maintenant qu’il y a un système d’enregistrement des sites d’affût.
«En utilisant ce système, le chasseur s’assure qu’il n’y aura pas d’autres installations du genre à moins de 300 mètres de lui. Il est certain que personne ne peut empêcher qui que ce soit de faire de la chasse fine mais dans l’ensemble, les gens se respectent. Également, les chiffres révèlent que près de 15 % des sites ne sont pas renouvelés annuellement, ce qui permet d’avoir de nouveaux chasseurs à chaque saison. »
Chose certaine, ce n’est pas avec des pancartes comme : chasseurs dangereux, chasseurs à l’affût, défense de passer, chasseurs sur place, que les choses iront en s’arrangeant. Une intervention directe du MRNF est nécessaire