Convaincu d'être celui qui a abattu un orignal mythique surnommé « le monstre de Matane », un chasseur poursuit un guide de la SÉPAQ, qu'il accuse de lui avoir volé l’animal et de l’avoir privé de son panache incroyable, pour lequel des collectionneurs seraient, semble-t-il, prêts à payer dans les six chiffres.
La poursuite a été déposée, la semaine dernière, au palais de justice de Mont-Laurier. Jérémy Boileau réclame le panache de cet animal atypique, en plus de dommages et intérêts de 96 000 $.
« Le monstre de Matane » fascine les chasseurs de l'Amérique du Nord depuis quelques années en raison de son plus gros panache des continents américains.
Deux seules photos et une vidéo existent et font l'objet de nombreux commentaires sur les forums de discussions de chasseurs. Le magazine spécialisé Sentier Chasse et Pêche lui a déjà consacré deux reportages, ces dernières années.
Chasseur plutôt débutant, Jérémy Boileau ignorait tout du « monstre de Matane », lorsqu'il a remporté un séjour au irage au sort de la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), lui permettant d'aller chasser dans la zone 24 de la Réserve faunique de Matane.
Dans un autre secteur
Selon la poursuite, l'expédition de chasse s’est mise en branle, le 14 septembre 2011. Jérémy Boileau s'y est rendu avec son père et deux autres personnes , et était accompagné d'un guide de la SÉPAQ, Claude Lavoie.
Au premier matin du séjour, dès l’aurore, ils sont tombés face à face avec l’orignal au panache trophée. Jérémy Boileau est descendu du véhicule, s’est placé en position et a tiré, selon les indications du guide, raconte la requête.
Atteint, l'orignal s'est enfui. On a bien tenté de le retracer, malgré le comportement peu encourageant du guide, selon la requête. Celui-ci a d’ailleurs mis fin aux recherches, invitant Jérémy Boileau à aller poursuivre sa chasse dans un autre secteur, où il a finalement abattu un autre orignal, le lendemain.
Ce n’est que quelques mois plus tard qu’il a réalisé la supercherie, quand des agents de protection de la faune sont venus le rencontrer dans le cadre d’une enquête sur la tentative de vente illégale d’un panache.
La carcasse retrouvée « facilement »
Selon la poursuite, après le départ de M. Boileau, le guide Claude Lavoie serait retourné avec une autre personne dans le secteur où le « monstre » avait été tiré, et aurait « facilement » retrouvé l’orignal mort.
Après avoir pris « des photos avec l’orignal, comme s’ils l’avaient eux-mêmes abattu », M. Lavoie et son accompagnateur se seraient « appropriés illégalement le panache », dit la requête. Il aurait été transporté de nuit, dans une résidence de Matane.
M. Lavoie aurait ensuite tenté « de le vendre sans droit », notamment dans le cadre d’une vente aux enchères.
Pour Jérémy Boileau, il est clair que le guide l’a « sciemment induit en erreur pour l’empêcher de retrouver son orignal dans le but de se l’approprier lui-même ».
Il demande aujourd’hui à la Cour supérieure d’ordonner à la personne en possession du panache de le lui remettre. Il réclame aussi à la SEPAQ des dommages-intérêts de plus de 96 000 $.
Si vous avez de l’information au sujet de cette affaire, contactez-moi au 514 599-5035 ou par courriel au marc.pigeon@journalmtl.com
Le monstre de
Matane en bref
Panache : plus de 55 pouces d’envergure, plus de 60 pointes
Il pourrait être âgé de six à 10 ans, bien qu’on ne puisse connaître son âge exact.
Il a été photographié, en août 2009, par le photographe amateur Langis Paradis.
Il a été filmé, à l’automne 2009.
Personne ne l’a vu en 2010.
L’animal a été tué, le 14 septembre 2011.
Une saga judiciaire s’amorce, en 2012, avec le dépôt d’une action en justice, au palais de justice de Mont-Laurier.