Par André A. Bellemare
publié le vendredi 8 septembre 2006
À la fin de juin et au début de juillet, le biologiste Gilles Gauthier et son équipe du Centre d’études nordiques de l’Université Laval disaient ques les oisons du l’année constitueraient environ 20 % du troupeau d’oies blanches migrant cet automne dans nos parages, ce qui serait à peu près semblable à la situation vécue durant l’automne 2005.
Vous vous souviendrez que j’avais fait écho ici à ces prédictions, en vous annonçant la probabilité que le succès de chasse des oies blanches dans nos parages serait comparable à celui connu durant l’automne 2005.
Or, au terme d’un séjour plus récent dans l’île Bylot du Grand-Nord — où son équipe et lui-même ont bagué 4600 oies blanches dans cette importante aire de nidification de l’espèce — le biologiste Gauthier a révisé à la baisse ses prévisions antérieures.
« Basé sur le ratio jeunes/adultes dans nos captures (en vue du baguage), on peut avancer un chiffre pour le pourcentage de jeunes cet automne de l’ordre de 10-11 %, ce qui est considérablement plus faible que l’an passé (21 %). Cette proportion des oisons de l’année dans les troupeau serait la plus faible depuis 2002 (6 % cette année-là). On considère généralement une année où le pourcentage de jeunes est inférieur à 10 % comme une année d’échec de reproduction. On pourrait donc être près de ce seuil cette année », écrit le biologiste Gauthier dans une communication transmise récemment à des scientifiques concernés.
Les oies blanches en migration automnale vers le Sud seraient donc environ un million d’individus, mais pas près d’un million et quart de têtes, comme on le prévoyait d’abord. Et le nombre d’oisons dans le troupeau serait malheureusement très bas. Remarquez que c’est quand même satisfaisant, si vous vous souvenez que le troupeau d’oies blanches en migration automnale dans la région du cap Tourmente, à environ 50 km à l’est de la ville de Québec, voilà seulement un siècle, n’était que de 5000 oiseaux seulement! Voilà trois décennies, ce troupeau n’était encore formé que d’un quart de million d’oies... Ce n’est que durant le dernier quart de siècle que ce troupeau a explosé, à cause de la multiplication des refuges, sanctuaires, zones tampons, zones d’interdiction de chasse, etc. L’explosion du troupeau a été si forte et si accélérée que les scientifiques craignent maintenant l’arrivée prochaine d’un désastre écologique : les oies sont trop nombreuses pour la capacité de support dans leurs aires de nidification du Grand-Nord, dans leurs aires de gagnage du corridor fluvial du Saint-Laurent, ainsi que dans leurs aires d’hivernement des États-Unis. Voilà pourquoi, depuis quelques années, les scientifiques tentent de convaincre les sauvaginiers de chasser les oies blanches durant le printemps, avant que les oiseaux ne s’envolent vers le Grand-Nord pour s’y reproduire. Mais, le printemps, les sauvaginiers n’ont pas la tête à la chasse, surtout que les restrictions s’appliquant à cette « chasse de conservation » des oies sont encore trop nombreuses à leur goût...
Habituellement, les oisons de l’année — ou p’tits gris, comme les appellent familièrement les vieux chasseurs d’oiseaux migrateurs — représentent autour de 90% des prises des sauvaginiers durant un automne normal. Parce que ces jeunes oies sont plus faciles à leurrer avec les appels (calls) et avec les appelants (ou decoys). C’est donc dire que les succès de la chasse est réduit lorsque la proportion des oisons de l’année est basse dans le troupeau en migration. Surtout si l’automne est trop beau, c’est-à-dire si les journées sont chaudes, ensoleillées, sans nuages et sans vent... Parce qu’il faut un temps de canards (gros nuages bas, temps froid, vent, pluie gaciale...) pour faire voler les oiseaux migrateurs à portée de fusil des sauvaginiers
publié le vendredi 8 septembre 2006
À la fin de juin et au début de juillet, le biologiste Gilles Gauthier et son équipe du Centre d’études nordiques de l’Université Laval disaient ques les oisons du l’année constitueraient environ 20 % du troupeau d’oies blanches migrant cet automne dans nos parages, ce qui serait à peu près semblable à la situation vécue durant l’automne 2005.
Vous vous souviendrez que j’avais fait écho ici à ces prédictions, en vous annonçant la probabilité que le succès de chasse des oies blanches dans nos parages serait comparable à celui connu durant l’automne 2005.
Or, au terme d’un séjour plus récent dans l’île Bylot du Grand-Nord — où son équipe et lui-même ont bagué 4600 oies blanches dans cette importante aire de nidification de l’espèce — le biologiste Gauthier a révisé à la baisse ses prévisions antérieures.
« Basé sur le ratio jeunes/adultes dans nos captures (en vue du baguage), on peut avancer un chiffre pour le pourcentage de jeunes cet automne de l’ordre de 10-11 %, ce qui est considérablement plus faible que l’an passé (21 %). Cette proportion des oisons de l’année dans les troupeau serait la plus faible depuis 2002 (6 % cette année-là). On considère généralement une année où le pourcentage de jeunes est inférieur à 10 % comme une année d’échec de reproduction. On pourrait donc être près de ce seuil cette année », écrit le biologiste Gauthier dans une communication transmise récemment à des scientifiques concernés.
Les oies blanches en migration automnale vers le Sud seraient donc environ un million d’individus, mais pas près d’un million et quart de têtes, comme on le prévoyait d’abord. Et le nombre d’oisons dans le troupeau serait malheureusement très bas. Remarquez que c’est quand même satisfaisant, si vous vous souvenez que le troupeau d’oies blanches en migration automnale dans la région du cap Tourmente, à environ 50 km à l’est de la ville de Québec, voilà seulement un siècle, n’était que de 5000 oiseaux seulement! Voilà trois décennies, ce troupeau n’était encore formé que d’un quart de million d’oies... Ce n’est que durant le dernier quart de siècle que ce troupeau a explosé, à cause de la multiplication des refuges, sanctuaires, zones tampons, zones d’interdiction de chasse, etc. L’explosion du troupeau a été si forte et si accélérée que les scientifiques craignent maintenant l’arrivée prochaine d’un désastre écologique : les oies sont trop nombreuses pour la capacité de support dans leurs aires de nidification du Grand-Nord, dans leurs aires de gagnage du corridor fluvial du Saint-Laurent, ainsi que dans leurs aires d’hivernement des États-Unis. Voilà pourquoi, depuis quelques années, les scientifiques tentent de convaincre les sauvaginiers de chasser les oies blanches durant le printemps, avant que les oiseaux ne s’envolent vers le Grand-Nord pour s’y reproduire. Mais, le printemps, les sauvaginiers n’ont pas la tête à la chasse, surtout que les restrictions s’appliquant à cette « chasse de conservation » des oies sont encore trop nombreuses à leur goût...
Habituellement, les oisons de l’année — ou p’tits gris, comme les appellent familièrement les vieux chasseurs d’oiseaux migrateurs — représentent autour de 90% des prises des sauvaginiers durant un automne normal. Parce que ces jeunes oies sont plus faciles à leurrer avec les appels (calls) et avec les appelants (ou decoys). C’est donc dire que les succès de la chasse est réduit lorsque la proportion des oisons de l’année est basse dans le troupeau en migration. Surtout si l’automne est trop beau, c’est-à-dire si les journées sont chaudes, ensoleillées, sans nuages et sans vent... Parce qu’il faut un temps de canards (gros nuages bas, temps froid, vent, pluie gaciale...) pour faire voler les oiseaux migrateurs à portée de fusil des sauvaginiers