Publié le 23 septembre 2010 à 05h00 | Mis à jour le 23 septembre 2010 à 05h00
Cerf : 27 «livres» de règles à l'avenir !
À titre expérimental, dans des zones de chasse, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune obligerait les chasseurs de cerf à ne récolter que des mâles portant des bois avec au moins trois pointes sur l'un des merrains. Comme ce «six pointes» qu'a récolté Claude Coulombe, de Montmagny.
Collaboration spéciale André-A. Bellemare
André-A. Bellemare, collaboration spéciale
Le Soleil
(Québec) Les quelque 175 000 chasseurs québécois de cerf de Virginie (chevreuil) devront-ils refaire leurs classes? On se pose la question, alors que les autorités responsables de la chasse nous apprennent qu'il existera à l'avenir au moins 27 «plans de gestion» de ce cervidé dans autant de zones provinciales de chasse.
Depuis environ deux ans, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) préparait un nouveau plan de gestion du chevreuil pour la période 2010-2017. La semaine dernière, le MRNF nous a annoncé ces 27 plans, précisant qu'il pourrait y avoir aussi des règlements de chasse différents selon des secteurs à l'intérieur de chaque zone ! Et ces 27 plans seront... révisés dans quatre ans.
Ce seront les gestionnaires régionaux du MRNF qui établiront désormais les règlements, après avoir consulté autochtones, agriculteurs, forestiers, Transports Québec, municipalités locales et régionales, forces policières... et les chasseurs. Cela, même s'ils affirment haut et fort que les chasseurs sont «leurs outils essentiels de gestion de la faune».
Plaire à tout le monde...
Dans la préparation de ces 27 plans régionaux, les politiciens, hauts fonctionnaires et scientifiques cherchent à plaire à tous ceux qui ont exercé des pressions sur eux.
Des autochtones réclament des privilèges de chasse. Les antichasseurs voudraient éliminer la chasse du cerf, qui rapporte 114 millions $ par an. Les agriculteurs souhaitent réduire les cerfs causant des dommages à leurs champs et aux forêts. Des citoyens réclament une réduction des cerfs dévorant leurs plantes ornementales. Transports Québec et les policiers veulent réduire le nombre de cerfs provoquant des accidents. Les politiciens locaux, régionaux et provinciaux cherchent à plaire au plus grand nombre d'électeurs... alors que les chasseurs sont en minorité. Les hauts fonctionnaires ont donc ordonné aux scientifiques de... satisfaire le plus de monde possible. On verra bien, à mesure que les 27 plans de gestion seront concoctés, s'ils n'ont pas plutôt réussi à déplaire à tout le monde....
Des mesures
Même si les autorités du MRNF n'en ont pas parlé en public récemment, on sait que certaines d'elles favorisent l'instauration du permis de zone pour la chasse du chevreuil, à l'instar d'un tel permis existant depuis longtemps pour la chasse de l'orignal. Le permis de zone a déjà été clairement refusé par les chasseurs de cerf. Mais ça s'en vient assez vite...
À part les cas de quelques zones, les autorités veulent en principe réduire les stocks de cerfs, surtout dans les zones du sud-ouest (Bois-Francs, Amiante, Estrie, Montérégie...) pour que l'existence des hardes de chevreuils soit «socialement acceptable», disent-elles. Parce que, dans ces régions, où les chasseurs souhaitent bien sûr qu'il y ait toujours plus de cerfs, des citoyens aimeraient bien les voir disparaître...
Mais pourquoi serait-il socialement acceptable d'avoir six cerfs au kilomètre carré dans une zone, alors qu'il faudrait qu'il y en ait moins de quatre au kilomètre carré dans la zone voisine ? Pourquoi, en Estrie, voulait-on faire passer le nombre de cerfs de 12 à 10 au kilomètre carré, il y a 10 ans, alors qu'on parle maintenant de réduire ce nombre à moins de quatre au kilomètre carré ?...
Ce qui est étrange, c'est que les autorités insistent sur le fait qu'il n'y avait QUE 252 000 cerfs dans le Québec continental en 2008, et qu'il faudrait réduire ce nombre à 246 000. Pourtant, voilà peu de temps, on nous laissait savoir qu'il y avait quelque 350 000 chevreuils dans le Québec continental... avant qu'on invente toutes sortes de moyens de réduire leur nombre jusqu'à 250 000 ! Dans le cas de l'île d'Anticosti, où les scientifiques nous ont affirmé qu'il y avait au moins 160 000 chevreuils, on parle maintenant d'en réduire le nombre jusqu'à 120 000 : est-ce que c'est ainsi qu'on incitera les chasseurs à fréquenter l'île et les régions où l'on souhaite réduire le cheptel ?
Les chasseurs subiront d'autres restrictions, que nous leur dévoilerons à mesure que le MRNF daignera nous en informer. D'ores et déjà, on nous a dit qu'il y aura des restrictions à l'appâtage pour, dit-on, éviter la transmission de maladies chez les cervidés. Et il pourrait y avoir, dans certaines zones de chasse, une réglementation «expérimentale» obligeant les chasseurs à ne récolter que des cerfs mâles portant des bois ayant au moins trois pointes sur un merrain ! Méfiez-vous : ce qui est «expérimental», dans les règles québécoises sur la pêche et la chasse, est presque toujours devenu la norme après peu d'années...
Cerf : 27 «livres» de règles à l'avenir !
À titre expérimental, dans des zones de chasse, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune obligerait les chasseurs de cerf à ne récolter que des mâles portant des bois avec au moins trois pointes sur l'un des merrains. Comme ce «six pointes» qu'a récolté Claude Coulombe, de Montmagny.
Collaboration spéciale André-A. Bellemare
André-A. Bellemare, collaboration spéciale
Le Soleil
(Québec) Les quelque 175 000 chasseurs québécois de cerf de Virginie (chevreuil) devront-ils refaire leurs classes? On se pose la question, alors que les autorités responsables de la chasse nous apprennent qu'il existera à l'avenir au moins 27 «plans de gestion» de ce cervidé dans autant de zones provinciales de chasse.
Depuis environ deux ans, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) préparait un nouveau plan de gestion du chevreuil pour la période 2010-2017. La semaine dernière, le MRNF nous a annoncé ces 27 plans, précisant qu'il pourrait y avoir aussi des règlements de chasse différents selon des secteurs à l'intérieur de chaque zone ! Et ces 27 plans seront... révisés dans quatre ans.
Ce seront les gestionnaires régionaux du MRNF qui établiront désormais les règlements, après avoir consulté autochtones, agriculteurs, forestiers, Transports Québec, municipalités locales et régionales, forces policières... et les chasseurs. Cela, même s'ils affirment haut et fort que les chasseurs sont «leurs outils essentiels de gestion de la faune».
Plaire à tout le monde...
Dans la préparation de ces 27 plans régionaux, les politiciens, hauts fonctionnaires et scientifiques cherchent à plaire à tous ceux qui ont exercé des pressions sur eux.
Des autochtones réclament des privilèges de chasse. Les antichasseurs voudraient éliminer la chasse du cerf, qui rapporte 114 millions $ par an. Les agriculteurs souhaitent réduire les cerfs causant des dommages à leurs champs et aux forêts. Des citoyens réclament une réduction des cerfs dévorant leurs plantes ornementales. Transports Québec et les policiers veulent réduire le nombre de cerfs provoquant des accidents. Les politiciens locaux, régionaux et provinciaux cherchent à plaire au plus grand nombre d'électeurs... alors que les chasseurs sont en minorité. Les hauts fonctionnaires ont donc ordonné aux scientifiques de... satisfaire le plus de monde possible. On verra bien, à mesure que les 27 plans de gestion seront concoctés, s'ils n'ont pas plutôt réussi à déplaire à tout le monde....
Des mesures
Même si les autorités du MRNF n'en ont pas parlé en public récemment, on sait que certaines d'elles favorisent l'instauration du permis de zone pour la chasse du chevreuil, à l'instar d'un tel permis existant depuis longtemps pour la chasse de l'orignal. Le permis de zone a déjà été clairement refusé par les chasseurs de cerf. Mais ça s'en vient assez vite...
À part les cas de quelques zones, les autorités veulent en principe réduire les stocks de cerfs, surtout dans les zones du sud-ouest (Bois-Francs, Amiante, Estrie, Montérégie...) pour que l'existence des hardes de chevreuils soit «socialement acceptable», disent-elles. Parce que, dans ces régions, où les chasseurs souhaitent bien sûr qu'il y ait toujours plus de cerfs, des citoyens aimeraient bien les voir disparaître...
Mais pourquoi serait-il socialement acceptable d'avoir six cerfs au kilomètre carré dans une zone, alors qu'il faudrait qu'il y en ait moins de quatre au kilomètre carré dans la zone voisine ? Pourquoi, en Estrie, voulait-on faire passer le nombre de cerfs de 12 à 10 au kilomètre carré, il y a 10 ans, alors qu'on parle maintenant de réduire ce nombre à moins de quatre au kilomètre carré ?...
Ce qui est étrange, c'est que les autorités insistent sur le fait qu'il n'y avait QUE 252 000 cerfs dans le Québec continental en 2008, et qu'il faudrait réduire ce nombre à 246 000. Pourtant, voilà peu de temps, on nous laissait savoir qu'il y avait quelque 350 000 chevreuils dans le Québec continental... avant qu'on invente toutes sortes de moyens de réduire leur nombre jusqu'à 250 000 ! Dans le cas de l'île d'Anticosti, où les scientifiques nous ont affirmé qu'il y avait au moins 160 000 chevreuils, on parle maintenant d'en réduire le nombre jusqu'à 120 000 : est-ce que c'est ainsi qu'on incitera les chasseurs à fréquenter l'île et les régions où l'on souhaite réduire le cheptel ?
Les chasseurs subiront d'autres restrictions, que nous leur dévoilerons à mesure que le MRNF daignera nous en informer. D'ores et déjà, on nous a dit qu'il y aura des restrictions à l'appâtage pour, dit-on, éviter la transmission de maladies chez les cervidés. Et il pourrait y avoir, dans certaines zones de chasse, une réglementation «expérimentale» obligeant les chasseurs à ne récolter que des cerfs mâles portant des bois ayant au moins trois pointes sur un merrain ! Méfiez-vous : ce qui est «expérimental», dans les règles québécoises sur la pêche et la chasse, est presque toujours devenu la norme après peu d'années...