Julien Cabana... Un autre dossier qui touche les parcs nationaux vient susciter des discussions musclées dans Charlevoix. Dans les faits, on veut agrandir le parc national des Grands-Jardins à même le territoire de la zec des Martres.
« Pour nous, l’idée de voir une partie de territoire d’une zec amputé de cette façon, n’est pas acceptable », soutient le directeur général de la Fédération québécoise des gestionnaires de zecs, Jean-Claude D’Amours. « Nous croyons que le projet d’agrandissement du parc ne favorise pas une saine mise en valeur de la faune et n’accroît pas l’accessibilité à la ressource faunique. Le projet semble être promu dans le but de favoriser la Sépaq, une société d’État, au détriment des regroupements d’usagers de la forêt », ajoute-t-il. Il faut dire ici que le projet sur la table signifierait que la zec serait amputée de 25 % de son territoire.
Le conseil d’administration de la Fédération devrait annoncer sous peu sa position, qui devrait s’articuler autour de trois éléments. D’abord, le pourcentage de territoire protégé dans la région est déjà assez significatif et représentatif du Québec, puisqu’il y a déjà sur le territoire les parcs de la Jacques-Cartier, des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie et des Grands-Jardins. Également, la FQGZ soutient que le territoire et les ressources accessibles aux pêcheurs et aux chasseurs dans la région de la Capitale-Nationale ne sont pas très significatifs, ni en quantité ni en qualité. Enfin, la fédération explique que 85 % du territoire de la région de la Capitale-Nationale est déjà structuré. MRNF et Sépaq Appelée à commenter la situation, la directrice du parc des Grands-Jardins, Claire Ducharme, a été très précise dans le dossier. « Tout d’abord, la Sépaq ne fait qu’administrer et diriger les activités des parcs nationaux. Nous sommes des mandataires. Nous ne sommes pas impliqués dans le dossier des agrandissements qui relève directement du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. Je ne suis pas au courant du dossier que vous me mentionnez. Celui sur lequel nous avons travaillé, c’est la correction de la frontière du parc qui avait été fixée avant que la route 62 ne soit faite. Concrètement, une fois la route faite, on se rendait compte que les choses se compliquaient. Nous travaillons à régulariser la situation avec les gens de la réserve des Laurentides. » Dans une lettre qu’il adressait à la directrice des opérations de la zec des Martres, Linda Desrosiers, le directeur du service des Parcs au MDEP, Alain Thibeault, a été très clair. « Depuis plusieurs années, le ministère projetait de créer une réserve écologique dans le but de protéger les sommets du mont du Lac à l’Empêche et du mont Dufour, lesquels sont situés sur le territoire de la zec des Martres. À la suite d’une réévaluation du dossier, il fut suggéré que ce territoire fasse plutôt l’objet d’un agrandissement du parc national des Grands-Jardins. » Il ajoute ensuite qu’il est prêt à rencontrer les gens de la zec pour voir comment le projet pourrait se réaliser en tenant compte des activités de la zec qui se déroulent dans ce secteur. Il faut toutefois savoir que la création d’un parc de conservation ou un agrandissement dans une zone donnée implique que les villégiateurs doivent quitter les lieux, comme ce fut le cas dans la création du parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. À ce moment-là, il y a eu de nombreuses rencontres plutôt houleuses. Bien des gens de Charlevoix n’ont pas encore digéré d’avoir perdu du territoire libre aux détriments d’un parc dans ce secteur. Il faut croire que le gouvernement n’a pas appris de cette expérience négative....