wow pas de bon sens! merci pour la nouvelle Taureau Noir
23 novembre 2011 à 15h41Sur la piste des braconniers: piégés en pleine ville de GranbyPar Éric Patenaude Pris dans une fâcheuse position, le coyote reçoit de l’aide. L’agent David Carrier s’apprête à tirer une fléchette anesthésiante afin d’intervenir en toute sécurité auprès de la bête.
Photo: Yanick Melchior
Alors que la saison de la chasse bat son plein, des chasseurs imprudents vont jusqu’à traquer l’animal sauvage en pleine ville à Granby. Mercredi dernier,l’Express a été témoin d’une scène irréaliste alors qu’une simple patrouille de surveillance en compagnie d’agents de la protection de la faune du bureau de Granby s’est vite transformée en opération de sauvetage pour un coyote mal en point dans un boisé de la rue Simonds, à quelques centaines de mètres de l’école J.-H.-Leclerc.
Les agents de la protection de la faune ne sont pas actifs que dans les secteurs ruraux. Le milieu urbain leur réserve aussi de mauvaises surprises comme a pu le constater l’Express aux côtés des agents Sébastien Smith et David Carrier.
Un signalement du public nous amène plutôt dans un boisé à l’angle des rues Simonds et Denison Ouest, à deux pas de l’école J.-H.-Leclerc. Arrivés sur les lieux, vers 14h30, le duo Smith-Carrier et deux de leurs collègues font la découverte d’un secteur piégé de collets et de trois chevreuils décédés par strangulation. Et non loin de là, un coyote toujours vivant tombé dans l’un des pièges. Une heureuse visite des agents pour la bête piégée qui lui permettra de retrouver sa pleine liberté après une courte intervention.
Une fois tranquillisé à la suite de l’administration d’une dose d’immobilisant, le coyote reçoit les premiers soins de l’agent Carrier qui l’aide à se sortir de sa fâcheuse position. Quelques minutes plus tard, encore sous l’effet du sédatif, la bête titube et prend aussitôt le large.
«Est-ce l’œuvre d’un braconnier ou d’un mauvais piégeur ? Seul l’individu concerné pourrait nous le dire. On va ouvrir une enquête et tenter de rencontrer la personne. À première vue, on a affaire à un piégeur imprudent qui a besoin d’un rafraîchissement», indique l’agent Sébastien Smith.
Fin de l’opération aux environs de 15h30. L’Express et les représentants de la Protection de la faune prennent ensuite la direction du Canton de Roxton pour observer les agissements des chasseurs à la tombée du jour.
Chasser sans permis
Lors de notre visite en fin de journée dans le Canton de Roxton, les agents portent une attention particulière aux boisés en raison de récents signalements pour de la chasse de nuit.
L’interdiction de chasser la nuit oblige d’ailleurs les chasseurs à quitter les bois et les boisés 30 minutes après le coucher de soleil selon la Loi. Au cours de notre sortie, Galarneau se couche aux environs de 16h20 (16 novembre dernier).
Sur le rang Petit 11, l’agent Carrier aperçoit une camionnette en bordure de la route. Il éteint les phares sur-le-champ et gare le véhicule-patrouille pour observer la sortie du ou des chasseurs. Début de l’attente.
Après quelques minutes d’observation, un chasseur inattendu (l’individu n’a aucun lien avec la camionnette observée) fait sa sortie d’un bois. Armé d’un fusil de chasse, l’homme déambule sur la route de campagne vers 17h. Les agents Smith et Carrier interviennent au même titre que des policiers. Les agents de la faune posent la bagatelle de questions…«Votre nom? D’où venez-vous? Avez-vous des pièces d’identité ? Un permis de chasse ?».
Le chasseur intercepté argumente et livre son histoire aux agents. L’homme d’une cinquantaine d’années affirme avoir seulement pris une marche dans le bois. «Avec un fusil à l’épaule ? Vous le savez que c’est dangereux», réplique l’agent Carrier.
Outre son permis de chasse à l’ours, l’homme n’a aucune autre pièce d’identité. Une situation qui force l’agent Smith à contacter le Centre de renseignements policiers du Québec pour valider l’identité du chasseur. Tout est conforme.
L’individu continue son récit et mentionne qu’il a abattu son chevreuil (15 novembre). «Que faites-vous ici aujourd’hui», lui demande l’agent Carrier. «J’en ai vu au moins dix chevreuils et avoir voulu en tuer (…). Je suis venu pour le petit gibier. Je chasse le coyote à la poudre noire.» Le hic, c’est que le chasseur n’a pas de permis pour ce type de chasse. «De notre côté, il serait difficile de prouver qu’il chassait le chevreuil. On lui remet tout de même un constat pour avoir chassé le petit gibier sans être titulaire d’un permis délivré à cette fin», explique l’agent Sébastien Smith.
Une prétendue marche de santé qui a valu au chasseur fautif une amende de 327 $.
Des braconniers raffinés
La pratique illégale de la chasse n’est pas en recrudescence. «Les statistiques se maintiennent», avoue Pierre Fortin, lieutenant responsable des bureaux de Granby et Saint-Jean à la Protection de la faune. Mais des braconniers sont toujours à l’œuvre. Depuis le début de 2011, 300 infractions de pêche (517 amendes pour la saison complète en 2010 dans le secteur Estrie-Montréal-Montérégie) et 80 constats de chasse (321 avis d’infraction en 2010 en Estrie-Montréal-Montérégie)ont été émis par les agents des bureaux de Granby et de Saint-Jean de la Protection de la faune.
«Notre plus grosse problématique, c’est le multiple abattage. Des chasseurs qui prennent le permis du voisin, de leur femme, de leur frère pour poursuivre leur chasse après avoir tué leur chevreuil. C’est très fréquent. Pour eux, ce n’est pas du braconnage. Ils ont un permis», affirme le porte-parole de la Protection de la faune.
Et des braconniers purs et durs, sans permis de chasse, courent aussi les forêts. «Ils (braconniers) raffinent leurs méthodes et ils sont plus discrets aujourd’hui. Ils sont plus mobiles et ont bien souvent recours à des complices qui surveillent les lieux», soutient Pierre Fortin.
Pour lutter contre le braconnage, le meilleur allié des agents de la faune demeure les appels du public aux dires de M. Fortin. «Les gens ont peur de dénoncer, mais c’est important que l’on reçoive des plaintes. Avec des renseignements comme le numéro de la plaque d’immatriculation, le type de véhicule, le lieu, la date et l’heure de l’événement, c’est plus facile pour nous de faire avancer une enquête et d’amener le ou les braconniers en cour.»
D’ailleurs, des signalements dans le secteur du Parc national de la Yamaska ont amené des agents à intervenir le 12 novembre dernier. Deux chasseurs ont été appréhendés en flagrant délit de chasser la nuit. Bilan de l’intervention: une carabine de calibre 22 et un projecteur saisis, un constat d’infraction de 2300 $, la perte du certificat de chasseur pour deux ans et un dossier soumis aux tribunaux.
Pour dénoncer un acte de chasse illégal, S.O.S Braconnage (1 800 463-2191).